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Écrit par Sophie Castella publié le 17 juin 2025
Ma Prime Rénov' finalement maintenue à quelques conditions
Le feuilleton MaPrimeRénov' s'est offert un rebondissement de dernière minute : promis à la disparition, le coup de pouce financier pour les "travaux isolés", comprenez l'isolation d'un toit ou le remplacement de vieilles fenêtres sans rénovation globale, vient finalement d'être sauvé par le gouvernement, sous la pression conjointe des artisans et des ménages. Annoncé le 16 juin 2025, ce revirement maintient la possibilité de financer un geste unique, mais au prix de barèmes rabotés et d'un audit énergétique obligatoire. Programme-Neuf-Toulouse, votre spécialiste de l'immobilier neuf à Toulouse Décryptage, chiffres à l'appui, de ce maintien en demi-teinte et ses conséquences pour les propriétaires.
Ce qui change... et ce qui reste

Le décret paru au Journal officiel le 17 juin 2025 confirme que le "monogeste" d'isolation demeure subventionnable, mais sous régime amaigrissant. Parmi ces travaux, on pense aux interventions ponctuelles comme la laine soufflée dans les combles, les panneaux sous rampants ou les doubles vitrages.
D'abord, tous les travaux d'enveloppe thermique restent éligibles : toits, murs, planchers, menuiseries et même pose d'une VMC simple flux. En revanche, les chaudières à gaz à très haute performance énergétique, jugées trop carbonées, sortent définitivement des radars.
Barèmes rabotés et audit énergétique obligatoire
Les quatre profils de MaPrimeRénov' (Bleu, Jaune, Violet, Rose), autrement dit l'ensemble des ménages classés du plus modeste au plus aisé, conservent l'accès à la subvention. Mais les montants glissent : le forfait d'isolation de combles, par exemple, passe de 25 €/m² à 21 €/m² pour un ménage "Jaune", soit un rabot d'environ 15 %.
Même cure d'amaigrissement pour la laine de façade, tombée de 60 €/m² à 51 €/m². Autre nouveauté, l'État exige désormais un petit audit énergétique avant dépôt de dossier. Son coût, oscillant entre 250 € et 350 €, est partiellement pris en charge pour les moyens modestes. Il doit être réalisé par un diagnostiqueur certifié RGE ou un bureau d'études OPQIBI. L'objectif est de vérifier que le geste isolé apporte un vrai saut d'efficacité et d'éviter les "rustines" inefficaces.
Un calendrier resserré
Enfin, le calendrier se resserre : pour profiter des barèmes 2025, il faudra signer son devis et enregistrer la demande de subvention avant le 31 mars 2026, puis achever le chantier au plus tard le 31 décembre 2025. Passé ce cap, le gouvernement prévient que la prime isolée sera "réexaminée", soit probablement fondue dans un parcours de rénovation globale. La fenêtre d'opportunité existe toujours mais elle s'est rétrécie et les propriétaires intéressés feraient bien de se hâter avant que le rideau ne tombe définitivement.
Pourquoi l'exécutif fait machine arrière
Il y a six mois, le cabinet de la Transition écologique parlait encore d'"effet d'aubaine" pour qualifier les mono-gestes. À ses yeux, subventionner une simple laine de verre ne suffisait plus à propulser les logements hors de la catégorie F ou G. Pourtant, début mai, les réunions techniques ont viré à l'orage. La Fédération française du bâtiment (FFB) a brandi une étude interne montrant qu'une suppression pure et simple ferait disparaître près de 47 000 chantiers et 21 000 emplois équivalent temps plein dès 2026. On allait récréer des camions de chômage
, fulminait son président Olivier Salleron auprès de BFM Immo le 16 juin.
Le cri d'alarme des consommateurs
Les associations de consommateurs, de leur côté, ont martelé qu'une rénovation globale à 30 000 € restait hors de portée pour des centaines de milliers de propriétaires occupants modestes. Dans une note remise à Matignon, l'UFC-Que Choisir rappelle qu'un ménage "Jaune" dispose en moyenne de 9 100 € d'épargne logée, très loin du ticket d'entrée pour un bouquet global. Difficile, dans ces conditions, de tenir la promesse présidentielle de 200 000 rénovations performantes par an.
Une équation budgétaire délicate pour Bercy
Le contexte budgétaire a aussi pesé. Car en coulisses, Bercy a compris qu'une chute brutale des mono-gestes bouleverserait les recettes de TVA du bâtiment et ferait dérailler encore un peu plus l'objectif de 1,5 % de déficit public en 2027. Garder l'aide, mais l'amincir, devenait le moindre mal : une rallonge de 600 millions d'euros est votée, loin des 1,4 milliards consacrés en 2024, mais suffisante pour éviter le trou d'air.
Dernier arbitre : l'opinion publique
Dernier levier : la politique de l'opinion. Les "camionnettes" promises par la CAPEB devant les préfectures et la pétition "Sauvez mon isolation" (165 000 signatures en trois semaines) auraient offert un spectacle peu reluisant à un an des municipales. En maintenant le dispositif, le gouvernement s'épargne une fronde professionnelle et sociale, tout en gardant la main sur la trajectoire climatique.
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Quel impact pour les propriétaires ?
Pour prendre la mesure du nouveau régime, imaginons une maison "profil Jaune" dont les combles perdus (100 m²) sont à isoler. L'entreprise présente un devis à 35 €/m², fourniture et pose comprises : 3 500 € TTC. L'an dernier, cette facture fondait sous un forfait MaPrimeRénov' de 25 €/m², l'État versait alors 2 500 €, ne laissant au propriétaire qu'un millier d'euros à sortir.
Depuis le rabot de juin 2025, le même propriétaire n'obtient plus que 21 €/m² soit 2 100 €, déjà 400 € de moins. À cela s'ajoute le "diagnostic amélioré" désormais exigé : 300 € sur facture dont la moitié seulement est remboursée. Au total, le reste à charge grimpe donc à 1 350 €. Autrement dit, l'opération coûte 350 € de plus qu'en 2024.
Côté bénéfices, rien ne change : isoler un comble réduit d'environ 15 % la dépense de chauffage d'une maison de 150 m² chauffée au gaz, soit un gain annuel proche de 240 € si l'on part d'une facture de 1 600 €. Hier, on rentabilisait la dépense en quatre hivers, demain, il faudra compter cinq à six saisons de chauffe. Le délai s'allonge, mais reste confortable, surtout si l'on intègre la plus-value environnementale du DPE.
Pour les passoires F ou G, en revanche, la donne est plus rude : le bonus "sortie de passoire" a disparu. Un simple remblai de laine ne suffira plus à les sortir de la zone rouge ; il faudra viser un bouquet complet, plus coûteux mais mieux subventionné, pour espérer louer ou vendre sans pénalité après 2030.
Trois leviers pour maximiser la prime avant la grande bascule de 2027
Jumeler deux gestes complémentaires
Oubliez le réflexe "un devis, une prime". Désormais, le bon calcul consiste à jumeler au moins deux gestes complémentaires. Par exemple, l'isolation des combles et celles des murs pignon, ou encore l'isolation du plancher couplée à une ventilation contrôlée. Cette combinaison permet presque toujours de gagner une classe entière au DPE, or chaque saut de classe ouvre doit à une surprime de 500 à 1 000 € (selon profil) qui compense largement la baisse des forfaits unitaires.
Empiler les aides à la rénovation
Pensez à multiplier les coups de pouce : les certificats d'économies d'énergie (CEE) se cumulent avec MaPrimeRénov' et peuvent encore financer 10 à 20 % de la facture d'isolant. Ajoutez, si vous empruntez, un éco-PTZ jusqu'à 30 000 € à taux zéro ; si le logement date d'avant 1978, rappelez-vous que la main-d'œuvre reste à TVA 5,5 %. Au final, un bouquet à 12 000 € peut tomber sous les 5 000 € nets pour un ménage "Jaune".
Anticiper 2027 : petits gestes maintenant, bouquet global plus tard
Enfin, anticipez déjà la révolution 2027 : à partir de cette date, l'aide devrait basculer vers un forfait global accompagné par un opérateur agréé, proche du modèle "Mon accompagnateur Rénov'". Mieux vaut donc réaliser les petits gestes indispensables (combles, vitrage) d'ici fin 2026, puis réserver les travaux lourds (chauffage décarboné, façade) pour ce futur parcours afin de profiter d'une subvention plus généreuse et mieux ciblée. Se projeter sur deux temps, 2025-2026 pour l'indispensable, 2027 pour le reste.



