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Écrit par Sophie Castella publié le 23 décembre 2025
RE2020 : les seuils 2025
La RE2020 a évolué cette année avec de nouveaux seuils de performance énergétique et d'empreinte carbone. Cette évolution renforce la décarbonation du secteur du bâtiment, notamment en imposant des exigences plus strictes sur les matériaux utilisés et sur les méthodes de constructions des logements neufs.
La RE2020 : quézaco ?
Entrée en vigueur en janvier 2022, la RE2020 est la règlementation environnementale en France. Cette réglementation concerne la performance énergétique des bâtiments neufs et vise notamment à réduire leur empreinte carbone tout en garantissant un confort thermique accru, adapté aux périodes de forte chaleur.
Plus stricte que la RT2012, la RE2020 s'arme d'exigences strictes sur le plan de la consommation énergétique, de l'isolation et de l'impact environnemental des matériaux de construction.
Quels sont les changements du nouveau décret ?

Entré en vigueur au 1er janvier 2025, le décret modificatif de la RE2020 a été publié le 30 décembre 2024. Il comprend des ajustements ayant pour but de préciser certains seuils et règles, en s'appuyant sur les retours d'expérience depuis la mise en place de la RE2020. La réglementation continue de s'appliquer aux logements, aux bureaux et aux établissements scolaires (primaires et secondaires).
Objectifs renforcés : neutralité carbone et sobriété énergétique

La RE2020 poursuit 3 objectifs majeurs : réduire l'empreinte carbone des constructions, améliorer leur performance énergétique et garantir le confort d'été des occupants. L'impact environnemental est calculé sur l'ensemble du cycle de vie du bâtiment (50 ans), travers deux indicateurs clés : IC Construction (impact carbone des matériaux) et IC Énergie (émissions liées à la consommation énergétique).
Les seuils d'émission de carbone (IC Construction) sont ainsi abaissés :
- de 640 à 530 kgCO2/m² pour les maisons individuelles,
- de 740 à 650 kgCO2/m² pour les logements collectifs.
Parallèlement, les seuils d’IC Énergie sont maintenus ou modulés selon les situations (160 kgCO2/m², ou 200 kgCO2/m² pour certains raccordements urbains). Une stabilité qui consolide les progrès réalisés en matière d’efficacité énergétique tout en recentrant l’effort réglementaire sur la réduction de l’empreinte carbone des matériaux.
Des adaptations pour plus de réalisme et de souplesse
Les évolutions de la RE2020 en 2025 montrent une volonté d'adapter la réglementation aux réalités du terrain, tout en gardant des objectifs écologiques élevés. Ces ajustements répondent à plusieurs priorités : mieux maîtriser l'empreinte carbone des petits logements, favoriser davantage les énergies renouvelables, et tenir compte des spécificités des zones chaudes. L'idée est de proposer une approche plus réaliste pour les professionnels, sans renoncer aux engagements environnementaux :
Des seuils reconfigurés pour les petites surfaces résidentielles
Parmi les nouveautés les plus notables de ce jalon 2025 figure l'évolution des seuils d’Ic_construction_max, qui mesurent l'empreinte carbone des matériaux de construction. Les logements de petite superficie bénéficieront depuis le décret d'un traitement différencié, avec des seuils adaptés à leur configuration spécifique. L'objectif : concilier exigence environnementale et faisabilité économique, notamment dans les opérations d'habitat dense en zone urbaine.
Photovoltaïque : encadrement des émissions associées
Autre inflexion stratégique : les systèmes de production d'énergie locale, comme les panneaux solaires, sont désormais encadrés par un plafond d'émission fixé à 20 kgCO₂e/m². Jusqu'à fin 2024, cette contrainte ne s'appliquait qu'aux bureaux de grande surface. Depuis le début de l'année, est désormais étendue à tous types de bâtiments, traduisant une volonté d'encourager l'autoproduction d'électricité tout en maîtrisant son impact carbone.
Maisons individuelles : un Bbio plus souple
Côté performance énergétique, la référence Bbio_max, qui détermine les besoins bioclimatiques d'un bâtiment, a été assouplie pour les maisons individuelles et accolées. La modulation 2025 prend en compte la surface moyenne des logements : une marge de manœuvre plus large aux concepteurs, et le maintien d'un niveau d'exigence cohérent avec les objectifs nationaux.
Chauffage urbain : intégration progressive des maisons individuelles
La RE2020 s'est également davantage ouverte aux spécificités des réseaux de chaleur urbains. Depuis le 1er janvier 2025, les maisons individuelles raccordées à ces réseaux doivent respecter les seuils d'Ic_énergie_maxmoyen évolutifs pour s'aligner progressivement sur ceux des bâtiments collectifs ou tertiaires. Une mesure importante pour valoriser les réseaux urbains classés et encourager les maîtres d'ouvrage à s'y connecter, en particulier dans les opérations de renouvellement urbain.
Climat chaud : des modulations spécifiques par zone
Le texte a introduit des ajustements spécifiques pour les zones climatiques H2d et H3, notamment dans le sud de la France et la Corse, où les contraintes liées au confort d'été et aux besoins de refroidissement sont plus marquées. Les seuils de consommation énergétique - Cep_maxmoyen, Cep,nr_maxmoyen et Ic_énergie_maxmoyen — y sont rehaussés pour mieux refléter les réalités locales tout en conservant une trajectoire de performance.
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Une transition encadrée jusqu'en 2027

Pour éviter de freiner les projets en cours, une période transitoire a été instaurée. Les projets dont le permis de construire est déposé avant le 1er janvier 2027 peuvent continuer à appliquer les seuils IC Énergie de 2024 à condition d'être raccordés à un réseau de chaleur urbain classé. Cette mesure permet aux maîtres d'ouvrage d'adapter leur programmation sans rupture brutale.
Les réseaux classés sont définis par arrêté et régulièrement mis à jour. Ils garantissent un niveau de performance énergétique et environnementale compatible avec les objectifs de la RE2020.
Impacts sur la conception et la construction
Ces seuils 2025 exigent une prise en compte en amont des projets. Le choix des matériaux, la compacité des volumes, la gestion des apports solaires, l'orientation des bâtiments et l'intégration de systèmes à énergie renouvelable sont devenus des leviers incontournables pour atteindre les objectifs fixés.
Les constructeurs doivent privilégier les matériaux à faible impact carbone, notamment dans les petits logements où les exigences sont renforcées. L'utilisation de Déclarations Environnementales de Produit (DEP) devient un critère essentiel. Depuis début 2025, la majoration des seuils liée à l'usage de DED (données environnementales par défaut) prend fin, ce qui incite à se tourner vers des données spécifiques plus fiables et représentatives.
L'approche bioclimatique, déjà promue dans les textes, devient une nécessité. Elle repose sur la limitation des besoins grâce à l'architecture : orientation, ventilation naturelle, inertie thermique, protection solaire. Dans les régions chaudes, ces principes sont indispensables pour éviter le recours massif à la climatisation tout en garantissant un bon niveau de confort.
Des leviers technologiques à exploiter
La RE2020 favorise l'émergence de solutions techniques plus durables : pompes à chaleur, chaudières hybrides, chauffe-eaux thermodynamiques, systèmes solaires, etc. L'intégration de la domotique et de systèmes de gestion intelligente de l'énergie permet aussi d'optimiser les consommations en temps réel et de mieux piloter les équipements.
Le recours au photovoltaïque est également renforcé par le plafonnement des émissions associées, qui rend ces équipements plus compétitifs dans la méthode de calcul. En intégrant ces choix dès la phase de conception, les maîtres d'ouvrage peuvent atteindre plus facilement les objectifs de la RE2020 tout en allégeant les charges d'exploitation pour les futurs occupants.
Une feuille de route claire jusqu'en 2031
La RE2020 prévoit une trajectoire progressive de réduction des seuils carbone à l'horizon 2031. Ces baisses successives permettent au secteur du bâtiment d'évoluer à un rythme soutenu mais maîtrisé.
| Année | Maison individuelle | Logement collectif |
|---|---|---|
| 2022 | 640 kgCO2/m² | 740 kgCO2/m² |
| 2025 | 530 kgCO2/m² | 650 kgCO2/m² |
| 2028 | 475 kgCO2/m² | 580 kgCO2/m² |
| 2031 | 415 kgCO2/m² | 490 kgCO2/m² |
Chaque palier représente un effort supplémentaire vers la neutralité carbone, avec des gains cumulés de l'ordre de 30 à 40 % d'ici 2031. Cette stratégie s'inscrit dans les engagements de la France à respecter la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) et les accords internationaux sur le climat.
À noter que certains députés ont tenté en cours d'année de repousser certaines échéances de la RE2020 au moyen d'amendements pour assouplir le calendrier, mais pour le moment aucune de ces tentatives n'a été retenue et l'objectif continue tel qu'il était prévu initialement.