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Écrit par Sophie Castella publié le 18 juillet 2025
DPE 2026 : 850 000 passoires thermiques revalorisées
Surprise ! Dès le 1er janvier 2026, les logements chauffés à l'électricité verront leur classe énergétique améliorée ; sont concernées : près de 850 000 passoires thermiques. Cette volonté approuvée par Matignon le 9 juillet dernier pourrait soulager de nombreux propriétaires qui peinent à vendre leur bien F ou G. Programme-Neuf-Toulouse, votre spécialiste en immobilier neuf à Toulouse vous donne les détails dans cet article.
Que dit la nouvelle règle ?
Le 9 juillet 2025, le Premier ministre a signé un décret modifiant le coefficient d’énergie primaire de l’électricité ; qui va passer de 2,3 à 1,9. Sur le papier, cette modification abaissera la quantité d’énergie primaire retenue dans le calcul du DPE pour les logements chauffés à l’électricité (sans changer leur consommation réelle) évidemment). Grâce à ce nouveau calcul, près de 850 000 passoires thermiques pourront obtenir une meilleure classification énergétique sans avoir à réaliser de travaux selon Matignon.
« Ce n’est pas un nouvel avantage, mais la suppression partielle d’un handicap imposé à tort. »
Teoman Bakoglu, délégué général adjoint de la FIEEC (Fédération des industries électriques, électroniques et de communication)
La volonté d'un DPE « plus juste »
En plus d'être un levier majeur de la politique de rénovation énergétique, le DPE est devenu un outil incontournable pour les locataires et les acquéreurs en permettant d'identifier les logements les plus énergivores.
Le gouvernement a toutefois identifié une limite importante qui désavantage l'électricité, qui est pourtant une énergie bas carbone, au profit du gaz et du fioul. Ce désavantage participe à freiner l'électrification des usages, essentielle à la stratégie énergétique et climatique.
« En réformant ce paramètre clé, le Gouvernement envoie un signal fort en faveur d'un DPE plus juste et plus cohérent avec nos objectifs climatiques et de logements plus accessibles et plus durables pour tous. »
François Bayrou, Premier ministre
Les passoires thermiques revalorisées
Les logements F ou G verront leur note augmenter avec la nouvelle réforme. Dès cette date l’ensemble des DPE vont mécaniquement progresser, puisque tout logement intègre une part d’électricité dans sa consommation (éclairage, ventilation…). 7 millions de résidences principales (23 %) gagneront jusqu’à 1 classe.
Ce sont principalement les logements chauffés à l’électricité qui en bénéficieront puisque 91 % des biens qui progressent d’une classe sont des biens chauffés à l’électricité. Concrètement c’est près d’1 propriétaire sur 2 qui gagnera +1 classe énergétique sur son DPE (47 % des DPE dont le bien est chauffé principalement avec de l’électricité).
Ces données proviennent d’une analyse menée par Casam, qui a passé au crible 9 105 diagnostics de performance énergétique. L’échantillon, construit à partir des jeux d’Open Data de l’ADEME couvrant tous les logements ayant fait l’objet d’un DPE, reflète fidèlement le parc des résidences principales.

Un soulagement pour les professionnels de l'immo, de l'inquiétude du côté des associations
Globalement bien accueillie par les professionnels de l'immobilier, la réforme aurait pu aller encore plus loin pour certains. Le président de la Fnaim, Loïc Cantin, regrette que le coefficient n'ait pas été davantage abaissé : Il aurait dû descendre à 1,5
tout en alertant sur l'effet d'attente : On ne va pas vendre maintenant un appartement F ou louer un G alors qu'il pourrait changer d'étiquette au 1er janvier 2026. Cela risque de bloquer le marché immobilier d'ici là
.
Pour les associations de consommateurs, le ton est tout autre. Pour Cédric Rodrigues de la CLCV (Association nationale de consommateurs et usagers), la réforme vient favoriser l'électricité et le nucléaire.
16 organisations dont des ONG écologistes ainsi que des défenseurs des locataires appellent le Premier ministre à renoncer à la réforme dans une lettre ouverte. L'opposition estime que les premiers perdants seraient les locataires de "passoires et bouilloires thermiques".
Dois-je refaire mon DPE ou attendre ?
Le gouvernement permettra aux propriétaires de réaliser une mise à jour des DPE existants de manière gratuite, via la plateforme de l'ADEME, sans recours à un diagnostiqueur.
Seuls les logements dont le DPE date d'avant juillet 2021 ou comporte des erreurs matérielles devront refaire appel à un diagnostiqueur.
Quels travaux envisager pour sortir des passoires thermiques ?
Avant même que la nouvelle règle ne vienne « offrir » une meilleure étiquette aux logements chauffés à l’électricité, un autre levier reste plus pérenne : engager de vrais travaux pour transformer sa passoire thermique en cocon économe. Car une note DPE gagnée sans chantier ne protège pas des hausses d’énergie ni des prochaines évolutions réglementaires. Voici, dans l’ordre le plus efficace, les interventions à envisager pour passer durablement du rouge au vert.
L'isolation thermique
Avant de penser à la chaudière ou aux panneaux solaires, le bon sens thermique commence par le « manteau » du bâtiment : combles, murs, planchers, ouvertures et jonctions.
Commencer par la toiture
La chaleur s’échappe d’abord par le haut : remplir les combles de trente centimètres de laine minérale ou de ouate de cellulose suffit à diviser par deux les pertes du plafond, selon les fiches pratiques de l’ADEME.
Isoler les murs, dedans ou dehors ?
- Par l’extérieur : on recouvre la façade d’une “doudoune” continue. Avantage : on élimine presque toutes les fuites et on garde toute la surface habitable.
- Par l’intérieur : on fixe un doublage isolant derrière une plaque de plâtre. Moins cher et plus simple quand la façade est protégée, mais on perd quelques centimètres et on laisse subsister quelques ponts froids. L’ADEME rappelle que l’enveloppe extérieure reste la solution la plus complète dès que le règlement d’urbanisme le permet.
Ne pas oublier le sol
Sous la maison, un plancher non isolé crée un vrai « sol glacé ». Poser des plaques isolantes sous la dalle ou projeter une mousse dans le vide sanitaire élimine cette sensation et coupe encore 5 à 10 % de gaspillage énergétique.
Fenêtres et courants d’air
Changer de vieilles fenêtres simple vitrage pour un double vitrage performant règle deux problèmes : plus de convection froide près des vitres et beaucoup moins de bruit. Mais l’essentiel est la pose : bandes d’étanchéité et joints empêchent les infiltrations, qui peuvent peser autant que la vitre elle-même.
Boucher les “points faibles”
Entre les planchers et les murs, autour des coffres de volets, des petits ponts thermiques agissent comme des trous dans un seau. Lorsqu’on isole, on ajoute des rupteurs, des bandes isolantes ou des coffres déjà garnis : ce sont de petits accessoires, mais ils empêchent jusqu’à 20 % de pertes supplémentaires, rappelle encore l’ADEME.
La ventilation
Isoler la maison, c’est un peu comme fermer soigneusement un thermos : la chaleur reste dedans, mais l’air vicié aussi ! Sans un renouvellement régulier, la vapeur de cuisine, la respiration ou même la douche déposent de l’humidité sur les murs, favorisent les moisissures et dégradent la qualité de l’air. Installer une ventilation mécanique contrôlée (VMC) permet de faire sortir l’air humide tout en faisant entrer de l’air neuf – le tout de manière maîtrisée, 24 h/24.
VMC simple flux hygro B
Un petit moteur extrait l’air des pièces d’eau ; ses bouches s’ouvrent plus ou moins selon le taux d’humidité. Comptez 1 500 € à 2 500 € pour une VMC hygroréglable installée ; jusqu’à 10 % d’économies de chauffage et des murs qui restent secs.
VMC double flux
Ici, l’air sortant réchauffe l’air entrant dans un échangeur : plus de sensation de courant froid. Investissement plus lourd (+ de 4 000 €), rentable surtout dans une rénovation globale très performante.
Étanchéité + ventilation, le duo gagnant
Calfeutrer fissures et joints avant de poser la VMC évite que l’air neuf s’échappe aussitôt. Une enveloppe mieux fermée + une ventilation bien réglée = maison saine, moins de chauffage et pas de moisissures.
Moderniser chauffage et eau chaude
Après avoir calfeutré l’enveloppe et réglé la ventilation, place au « moteur » de la maison : le système qui chauffe les pièces et l’eau du quotidien. Remplacer un appareil vieillissant n’est pas qu’un geste pour le climat ; c’est souvent la ligne droite la plus rapide vers une facture allégée et un confort constant.
Pompe à chaleur, la star “plug & play”
Branchée sur les radiateurs existants, la PAC air-eau capte la chaleur gratuite de l’air extérieur. Selon l’ADEME, elle fournit trois à quatre unités de chauffage pour une seule unité d’électricité payée, ce qui peut diviser la facture par trois.
Poêle ou chaudière à granulés : la solution bois
Les appareils biomasse brûlent des pellets ou des bûches compressées ; la chaleur est stable, locale et peu taxée. Les fiches ADEME rappellent qu’une chaudière “granulés” bien dimensionnée couvre aisément toute la maison, avec un coût de fioul divisé par deux.
Gaz à condensation : garder le réseau, gagner 15 %
Là où le gaz de ville est déjà présent, remplacer la vieille chaudière par un modèle à condensation permet de récupérer la chaleur des fumées et d’économiser jusqu’à 15 % d’énergie sans changer les radiateurs. C’est un choix transitoire, mais souvent le plus simple en appartement.
Eau chaude : ballon thermodynamique ou solaire
Un chauffe-eau thermodynamique fonctionne comme une mini-PAC dédiée à la douche ; il consomme trois fois moins qu’un ballon classique et couvre 70 % des besoins annuels selon l'ADEME. En toiture bien orientée, deux ou trois capteurs solaires peuvent assurer l’essentiel de l’eau chaude d’avril à octobre.
Pilotage intelligent
Ajouter un thermostat connecté et des vannes programmables coûte peu mais rapporte vite : l’ADEME estime à 10 % la baisse de consommation quand on règle pièce par pièce et qu’on baisse la température la nuit ou en cas d’absence.
Intégrer les énergies renouvelables
Une fois la maison bien isolée et son chauffage modernisé, il reste à passer du rôle de simple consommateur à celui, plus malin, de petit producteur d’énergie. Le toit et même la chaudière peuvent devenir vos alliés pour générer électricité et chaleur gratuites, réduire encore la facture et pousser le logement vers l’autonomie.
Les panneaux solaires qui font tourner le compteur à l’envers
Posés sur le toit, les panneaux « photovoltaïques » transforment la lumière en courant. La journée, vous alimentez l’éclairage, le frigo ou la box internet sans puiser dans le réseau ; l’électricité en trop repart vers votre fournisseur, qui la rachète. Résultat : la facture d’électricité baisse immédiatement, et l’installation s’amortit en une dizaine d’années grâce à cette revente automatique.
Chauffer l’eau avec le soleil
Deux ou trois capteurs, un ballon isolé : le solaire thermique n’a rien de sorcier. Dès qu’il fait beau, l’eau des douches se réchauffe gratuitement. Dans les régions ensoleillées, on couvre ainsi 60 % à 70 % des besoins annuels selon l'ADEME, et le chauffe-eau électrique ne s’allume plus qu’en plein hiver.
Produire chaleur + électricité avec le gaz existant
Si la maison est déjà raccordée au gaz de ville, on peut installer une petite « centrale maison ». C’est une boîte qui brûle le gaz pour chauffer l’eau des radiateurs, mais qui récupère aussi l’énergie mécanique ou chimique pour alimenter le tableau électrique. On parle de micro-cogénération ou, dans sa version la plus récente, de pile à combustible. L’idée : un seul appareil, deux fonctions, et une baisse sensible de la facture de courant sans changer d’énergie.
En bref
La révision du DPE prévue pour 2026 change la donne : en corrigeant un biais défavorable à l’électricité, elle sort mécaniquement des centaines de milliers de logements de la catégorie « passoire thermique ». C’est une bouffée d’air pour les propriétaires inquiets et un signal politique en faveur de l’électrification du parc résidentiel. Mais la mesure ne remplace pas les travaux : une étiquette relevée sur le papier n’efface ni les factures de chauffage élevées ni l’inconfort d’un logement mal isolé.
Les véritables gagnants seront donc ceux qui profiteront de ce répit pour lancer, dès maintenant, une rénovation globale : isoler, ventiler, moderniser le chauffage et, si possible, produire un peu d’énergie solaire. Ainsi, la maison ou l’appartement ne dépendra plus d’un coefficient réglementaire, mais de sa propre performance durable, tangible, et toujours valorisée sur le marché.
F.A.Q
Le nouveau calcul s’appliquera-t-il automatiquement à mon logement ?
Oui. À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, tous les DPE réalisés avec le coefficient électricité 2,3 seront réputés calculés avec 1,9. Une mise à jour gratuite sera proposée sur le site de l’ADEME ; vous n’aurez pas besoin de refaire passer un diagnostiqueur, sauf si votre DPE date d’avant juillet 2021 ou comporte des erreurs matérielles.
Mon appartement chauffé au gaz va-t-il changer de classe ?
Non. La réforme ne modifie que le facteur appliqué à l’électricité. Les biens chauffés au gaz, au fioul ou au bois conservent leur étiquette actuelle.
Les interdictions de location reculeront-elles pour les logements électriques reclassés ?
Un logement qui sort de la classe F ou G retrouve la possibilité d’être loué au-delà des dates déjà fixées (2025 pour les G, 2028 pour les F). Attention : si votre bien reste en F après recalcul, l’échéance d’interdiction (1ᵉʳ janvier 2028) demeure inchangée.
Dois-je quand même envisager des travaux ?
Le nouveau DPE peut améliorer votre note, mais il ne réduira ni vos factures ni l’inconfort d’un logement mal isolé. Pour sécuriser la valeur du bien et se prémunir de futures évolutions réglementaires, l’isolation et la modernisation du chauffage restent les leviers les plus pérennes.



