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Écrit par Sophie Castella publié le 18 décembre 2024
Tour Occitanie : le projet du gratte-ciel validé à Toulouse
Après plusieurs mois de lutte, les opposants à la Tour Occitanie n’auront finalement pas gain de cause. Le mardi 5 novembre 2024, le Conseil d’État a rejeté le pourvoi en cassation de quatre associations ainsi que trois particuliers qui s’opposaient au projet. Un soulagement pour le promoteur Compagnie de Phalsbourg, qui promet de rester fidèle au projet initial malgré le retard accumulé. Pourtant, le chemin semble encore semé d’embûches pour le gratte-ciel toulousain.
7 ans de lutte acharnée… vraiment terminée ?
Annoncé en mars 2017 par Jean-Luc Moudenc du Marché international des professionnels de l’immobilier (Mipim), le projet de la Tour Occitanie prévoit de construire un gratte-ciel de 150 mètres de hauteur sur l’ancien tri postal près de la gare Matabiau.
Alors que la Commission Nationale du Patrimoine et de l’Architecture (CNPA) avait délivré un premier avis favorable en juillet 2018 et un permis de construire un an plus tard, le projet de la tour a toutefois suscité de vives polémiques, notamment du côté des défenseurs de l’environnement.
À la tête des opposants, les associations Non au gratte-ciel de Toulouse, les Amis de la terre et France nature environnement dénonçaient une triple catastrophe environnementale, esthétique et financière
à l’heure du réchauffement climatique.
Ces derniers avaient d’ailleurs annoncé qu’ils seraient prêts à poursuivre leur lutte, même si le Conseil d’État rejetait leur recours, en relançant pétition et tractage. Les anti-Tour soutiennent d’ailleurs dans leur argumentaire qu’une majorité de Toulousains seraient contre le projet. Ce point de vue est contesté par le maire de Toulouse, qui pointe des opposants très politisés et marginaux
.
Des incertitudes planent encore sur le projet selon l’opposition
La Tour Occitanie soulève encore de nombreuses incertitudes selon les associations d’opposition au projet.
Parmi celles-ci, la démolition partielle du bâtiment du Tri Postal, gérée par SNCF Réseaux, est inclues dans le permis de construire délivré en 2019. Cependant, la construction de la tour est désormais en décalage avec le calendrier des travaux de la future 3ème ligne de métro, pour laquelle Tisséo a exigé des études de sol actualisées. De plus, les études sur l’eau, indispensables dans le cadre de la législation environnementale, n’ont pas encore été réalisées.
Sur le plan juridique, bien que les recours concernent le logement social et le permis de construire aient été purgés, de nouveaux recours amiables ou contentieux pourraient être déposés si des vices propres au projet sont identifiés. Ces contestations viseraient notamment des aspects liés à la sécurité des riverains et des voyageurs dans ce secteur très fréquenté de la gare Matabiau.
Le verdict du Conseil d’État
Après plusieurs rejets en première instance et en appel, les opposants avaient porté l’affaire devant le Conseil d’État, qui a finalement déclaré leur pourvoi en cassation irrecevable. Cette décision annule toute autre contestation juridique et permet ainsi de passer à l’étape des travaux.
De nouvelles études à relancer
En déclarant leur pourvoi irrecevable, la plus haute instance administrative française entérine des décisions précédentes du tribunal administratif de Toulouse en juin 2022 et de la cour administrative d’appel de Toulouse en février 2024.
À titre de rappel, en février 2024, la cour administrative d’appel avait déjà validé la position de la mairie concernant la tour Occitanie. Elle avait ainsi confirmé la légalité de l’arrêté du 23 juillet 2019, qui autorise la construction de cet édifice de 150 mètres de haut, situé au cœur du quartier de la gare Matabiau.
Dans une interview accordée à La Dépêche, Philippe Journo, président de la Compagnie de Phalsbourg a annoncé que de nouvelles études seraient mises en place pour retravailler les fondations, car les travaux devaient être lancés avant l’arrivée de la 3ème ligne de métro. L’étude de marché de 2016 doit aussi être relancée, en plus de la construction du projet des années 2030. Les Toulousains seront également interrogés, notamment sur l’étage qu’occupera le futur hôtel de la tour.
Le chantier devrait durer au moins trois ans, pour une livraison courant 2028, voire 2029.
Une « aberration écologique » pour les opposants
Richard Mébaoudj, président de l’association “Non au gratte-ciel de Toulouse”, souligne qu’une pétition ayant déjà rassemblé plus de 7 200 signatures, va être relancée à grande échelle, affirmant que le débat est loin d’être clos.
Il critique également les déclarations du maire Jean-Luc Moudenc, les ayant pointées du doigt. Selon Richard Mébaoudj, ces associations sont motivées uniquement par des préoccupations environnementales et sociales, essentielles au dynamisme de la métropole toulousaine.
Sur le fond, les opposants mettent en avant des arguments écologiques. Ils dénoncent l’incompatibilité d’un tel projet avec les enjeux climatiques actuels, citant la multiplication des catastrophes thématiques, comme récemment à Valence et Barcelone, et l’urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Imaginer encore un tel projet monumental, sans prendre en compte ses impacts écologiques et sociaux est inconcevable
. Le conflit autour de ce projet reste donc vif et loin d’être résolu.
Le promoteur n’en démordra pas
Très remonté contre les opposants, le président de la Compagnie de Phalsbourg, Philippe Journo a menacé de saisir la justice en cas de nouveau recours. C’est au micro de La Dépêche, que le promoteur a exprimé son soulagement de voir enfin le permis de construire être validé, après 7 ans de recours.
Philippe Journo se dit « très content » mais « très en colère » vis-à-vis des opposants, qui à peine ont-ils perdu, ont annoncé vouloir de nouveau s’attaquer à tout projet de permis de construire modificatif. Bien décidé à voir le projet de la tour aboutir, il a déclaré que si tel était cas, il les attaquerait en justice en leur demandant une réparation totale qui se chiffrerait à 40 ou 50 M €.
Confiant quant à l’avenir du projet, le promoteur soutient que quand vous faites de l’exceptionnel, vous trouvez toujours des clients
, rappelant ses précédentes réussites, avec Central Parc à Annecy et Iconic à Nice, où les locaux ont été loués beaucoup plus chers que prévu. Il dit toutefois vouloir rester humble au vu de l’histoire récente, le Covid et la crise économique.
Pourquoi une telle menace contre les opposants ?
Philippe Journo dit avoir été sur une grande retenue, notamment lors des recours successifs déposés par les opposants. Aucune des décisions de justice n’ont été commentées, alors que les opposants se sont permis de le faire
selon le promoteur.
À peine après avoir perdu, ils expliquent qu’ils vont recommencer leur pseudo-combat. Quel est ce combat ? Em***der les gens qui font, empêcher les acteurs économiques d’investir pour notre pays. Ces gens sont des traîtres au territoire.
s’est-il insurgé.
Tour Occitanie : symbole de l’attractivité toulousaine fondé sur une architecture novatrice
La Tour Occitanie sera le premier gratte-ciel de Toulouse. Inspirée du Canal du Midi, la future tour végétalisée s’élèvera sur 40 étages et offrira une programmation mixte :
- 11 000 m² de bureaux
- plus de 100 logements neufs hauts de gamme
- un restaurant et bar panoramique avec un jardin public
- un hôtel 4 étoiles
- 2 000 m² de commerces
- 1 500 m² de locaux SNCF.
Placée au cœur du réaménagement du quartier Matabiau, la tour doit symboliser l’audace architecturale et la durabilité environnementale. Celle-ci a été conçue de manière à jouer avec la lumière naturelle. Le choix des matériaux et la conception en jardin vertical doivent également souligner l’importance donnée à la réduction de l’empreinte écologique, axe central du projet.
Pensée comme un espace de vie intégré, le programme favorisera une approche de « ville dans la ville », en encourageant les interactions sociales et en rendant ce quartier vivant et attractif de jour comme de nuit.
La Tour Occitanie se positionne comme l’élément phare du projet de transformation « Grand Matabiau Quais d’Oc », destiné à métamorphoser le secteur de la gare en un pôle stratégique alliant dynamisme économique et richesse culturelle.
Ce vaste programme inclut également le développement d’infrastructures de transport modernes, à l’image de la future ligne C du métro, pour optimiser la connectivité du quartier. L’ambition affichée est de répondre aux enjeux d’une métropole en plein essor, tout en préservant son identité historique et son patrimoine architectural.