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Écrit par Hervé Koffel publié le 26 septembre 2025
La nouvelle place de l'Europe à Toulouse arrive enfin !
Le béton cède la place aux charmes. L'ancienne place d'armes de Compans-Caffarelli, l'une des plus vastes étendues minérales de Toulouse, s'apprête à renaître sous une parure végétale le 3 octobre prochain. 90 arbres plantés, une fontaine qui danse trois fois par jour : ce chantier-fleuve de 2 millions d'euros redessine le visage d'un quartier entier. Compans respire enfin.
Un chantier marathon qui touche au but
Le vendredi 3 octobre 2025 marquera la fin d'une attente qui a semblé interminable aux Toulousains. La place de l'Europe, cette ancienne esplanade militaire coincée entre le boulevard Lascrosses et le parc Compans-Caffarelli, sort enfin de son long sommeil de chantier. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 7 500 m² entièrement dépouillés de leur gangue de bitume, l'équivalent d'un terrain de football rayé de la carte urbaine pour laisser place à la verdure.
87 arbres en pot et 3 arbres en pleine terre colonisent désormais l'espace, avec en tête d'affiche un double alignement de charmes plantés dans d'imposantes jardinières de 1,20 mètre de profondeur sur 5 mètres de large. Taillés avec rigueur, ces colosses végétaux évoquent les rangs impeccables des soldats qui défilaient ici il y a encore un demi-siècle.
Au cœur de la place, une fontaine à circuit fermé animera l'espace trois fois par jour, ses jets d'eau mimant les anciennes levées et descentes des couleurs militaires. Le monument aux morts du quartier a retrouvé une place d'honneur, déplacé pour l'occasion, tandis que du mobilier urbain adapté aux personnes à mobilité réduite complète l'équipement. Même le parking souterrain a bénéficié d'un coup de jeune avec des travaux de renforcement.
La Mairie de Toulouse a mené plusieurs mois de concertation avec les habitants du quartier, qui réclamaient fraîcheur, végétation et convivialité. Mission accomplie pour un budget total de 2 millions d'euros entièrement financé par la municipalité, un investissement qui répond aussi aux impératifs climatiques de ces dernières années où les canicules transforment le bitume en plaque chauffante.

Compans-Caffarelli gagne ses galons verts
Niché entre le centre-ville historique et les infrastructures du nord toulousain, le quartier Compans-Caffarelli jouit d'une localisation stratégique qui en fait l'un des secteurs les plus convoités de la Ville rose. À quelques enjambées du célèbre Jardin Japonais Pierre-Baudis, du centre de congrès et du parc éponyme, le quartier attire étudiants, jeunes actifs et cadres en quête de centralité.
Cette attractivité se lit dans les prix au mètre carré. L'ancien y flirte avec les 4 000 à 5 000 € le m², tandis que l'immobilier neuf peut atteindre 5 500 € dans les programmes haut de gamme. Des tarifs qui placent Compans-Caffarelli dans le peloton de tête du marché toulousain, loin devant la moyenne métropolitaine. La création de cet îlot de fraîcheur pourrait bien faire grimper encore la cote : les biens donnant sur la nouvelle place végétalisée disposent désormais d'un argument de poids face aux canicules estivales.
En effet, l'enjeu climatique est réel ici. Les étés toulousains, de plus en plus torrides, transforment les places minérales en fournaises urbaines. Cette oasis de verdure répond à une urgence sanitaire : offrir des zones de respiration où la température peut chuter de plusieurs degrés par rapport au bitume environnant. Les 90 arbres plantés constituent un véritable bouclier thermique pour les riverains.
Les commerçants du secteur surveillent cette transformation d'un œil attentif. Une place animée, avec ses flâneurs et ses habitués des bancs publics, c'est aussi un flux piéton qui bénéficie aux terrasses et aux boutiques alentour. Le pari : que cet espace de fraîcheur devienne un point de ralliement, un lieu où l'on s'arrête plutôt qu'on ne traverse au pas de charge.
Quand les fantômes de la caserne inspirent le paysage
Difficile de comprendre cette place sans plonger dans son passé militaire. En 1846, la caserne Caffarelli sort de terre le long du boulevard Lascrosses, baptisée du nom d'un général de brigade de la Révolution française, Louis Marie Maximilien de Caffarelli du Falga. Elle rejoint la caserne Compans dans un ballet de bâtiments dédiés à l'armée. Dix ans plus tard, en 1856, un agrandissement permet d'accueillir le régiment d'artillerie à cheval. À la fin du siècle, les deux casernes hébergent respectivement le 18ème et le 23ème régiment d'artillerie.
C'est en 1977 que le Ministère de la Défense abandonne ces emprises militaires, libérant d'un coup 19 hectares en plein cœur de ville. Une aubaine pour Toulouse qui voit là l'opportunité de créer un nouveau quartier. Mais la place de l'Europe, elle, conserve son statut de place d'armes, ce vaste espace où résonnaient les ordres et claquaient les talons lors des cérémonies.
Les paysagistes mandatés pour sa réinvention n'ont pas voulu effacer cette mémoire. Au contraire, ils l'ont sublimée. Le double alignement de charmes, avec sa taille rigoureuse, rappelle la discipline des rangs militaires. Plus subtil encore : les végétaux fleuris choisis évoquent le « bleu horizon » de l'uniforme porté par les artilleurs de Compans-Caffarelli. Même la fontaine centrale joue avec cette histoire : ses jets d'eau, activés trois fois quotidiennement, miment les anciennes levées et descentes des couleurs qui rythmaient la vie de la garnison.
Le monument aux morts du quartier, pièce maîtresse de cette mémoire collective, a été soigneusement déplacé pour trouver une nouvelle place d'honneur. Un geste symbolique qui inscrit la transformation dans une continuité plutôt qu'une rupture. La place de l'Europe ne renie pas son passé de parade militaire, elle le transfigure en jardin pacifié où les alignements d'arbres ont remplacé les colonnes de soldats.



