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Écrit par Morgane Caillière publié le 14 novembre 2025
Requalification de la place Arnaud-Bernard à Toulouse : zoom sur le projet
La place Arnaud-Bernard, au nord du centre historique de Toulouse, connaît depuis 2024 une transformation urbaine qui modifie profondément son image et ses usages. Une métamorphose qui combine végétalisation, création d’ombre et réaménagement des rues adjacentes.
Une place stratégique de 4 000 m² à l’entrée du centre ancien
La place Arnaud-Bernard forme un trapèze irrégulier d’environ 4 000 m², à la jonction des boulevards Lascrosses et d’Arcole, à proximité immédiate de la basilique Saint-Sernin.
Elle est située au contact du centre historique et des grands boulevards de circulation, avec une voie automobile à sens unique et une vitesse limitée à 20 km/h dans une zone de rencontre. Sous son sol, un parking souterrain de 272 places structure une partie du projet d’aménagement.
Historiquement, ce secteur joue un rôle d’interface : le terrain, possession du noble Arnaud Bernat au Moyen Âge, a accueilli successivement des populations venues d’Italie, d’Espagne franquiste après 1939 puis du Maghreb à partir des années 1970, contribuant à un paysage urbain marqué par la mixité sociale et culturelle. (Wikipédia)
D’une place minérale à un projet de « fraîcheur urbaine »
Avant travaux, la place Arnaud-Bernard était décrite par la municipalité comme un espace très minéral, identifié comme îlot de chaleur en été . Le projet vise à apporter de l’ombre, de l’eau et de la végétation pour réduire les températures ressenties et rendre l’espace plus confortable.
Les grandes lignes de cette requalification ont été présentées au public dès février 2023 : plantation d’arbres sur la place, requalification de la rue Gatien-Arnoult avec un pavage en porphyre identique à celui du parvis de Saint-Sernin, création d’une placette végétale au carrefour avec la rue des Trois-Piliers, et relance d’actions sur les façades de la rue Arnaud-Bernard.
En avril 2024, la maire de quartier Laurence Katzenmayer résume ainsi les objectifs du projet devant les habitants : « apporter de la végétalisation, de l’ombre et de la fraîcheur à cette place » et « faire évoluer l’image du quartier », en travaillant à la fois le cadre physique et la composition commerciale.
Pergola végétalisée et nouveaux arbres : le cœur du dispositif
Entre 2024 et 2025, la requalification se concentre sur trois éléments : une grande pergola métallique végétalisée, de nouvelles plantations et du mobilier urbain.
Un dispositif de pergola d’environ 500 m², de 30 mètres de long sur 19 mètres de large et 5 à 6 mètres de haut couvre d'ores et déjà la partie centrale de la place.
La pergola métallique sera recouverte d’une toile d’ombrage et plantée de jasmin, chèvrefeuille, renouée, bignone et clématites. Sa largeur est de 20 mètres et sa hauteur de 5 mètres.
Parallèlement, une « dizaine d’arbres » doit être plantée le long des façades côté sud de la place, dans l’axe des bâtiments, afin de concilier ombre, continuité piétonne et contraintes du parking souterrain.
Rues Gatien-Arnoult et Trois-Piliers : une extension de la place
La métamorphose de la place s’accompagne d’un réaménagement des rues adjacentes, en particulier Gatien-Arnoult et Trois-Piliers. Toulouse Métropole annonce des trottoirs élargis, mis aux normes d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, l’installation de bancs, d’un pavage en porphyre guidant les piétons vers Saint-Sernin et la création d’une placette arborée au croisement de ces deux rues. L’espace vert existant rue des Trois-Piliers doit également être étendu.
L’année 2025 marque une phase intense de travaux : la place est occupée par le chantier, la rue Gatien-Arnoult est fermée à la circulation jusqu’à la fin novembre. La municipalité annonce une fin de chantier globale vers la fin de l’automne 2025.
Commerce, habitat et sécurité : une transformation au-delà de l’espace public
La métamorphose de la place Arnaud-Bernard est présentée par la ville comme un levier pour modifier l’image d’un quartier longtemps associé aux trafics de cigarettes et de cannabis. Ces problématiques sont régulièrement évoquées dans la presse locale, qui rappelle la « mauvaise réputation » du secteur en dépit de la vitalité commerciale et associative.
Depuis une dizaine d’années, la mairie déploie dans le quartier le dispositif « Commerce d’Avenir », piloté par un adjoint chargé du commerce et de la sécurité. Le dispositif s’appuie sur trois outils : le rachat de murs commerciaux via l’Établissement public foncier local (EPFL), le droit de préemption sur les fonds de commerce et un travail de long terme avec des propriétaires pour favoriser des activités jugées plus diversifiées.
En 2025, le même article évoque « une vingtaine de locaux » rachetés et « une dizaine de nouveaux commerçants » installés (fromagerie, bijouterie, disquaire, restauration…).
Sur le volet habitat, le quartier Arnaud-Bernard sert de terrain d’expérimentation au « permis de louer » à Toulouse, mécanisme qui conditionne la location d’un logement à une vérification préalable de sa salubrité. Ce dispositif, instauré par la loi ALUR de 2014 et précisé par l’article L. 634-1 du code de la construction et de l’habitation, est présenté par la municipalité comme un moyen de lutter contre l’habitat indigne dans ce secteur ancien.
La sécurité fait aussi l’objet d’un suivi spécifique : la presse régionale recense l’installation de 15 caméras de vidéoprotection dans le quartier depuis 2014, dont 4 sur la place elle-même, ainsi qu’une stratégie qualifiée de « harcèlement » policier contre les trafics par l’élu en charge de la sécurité.
Concertation et enjeux patrimoniaux
Le projet s’inscrit dans un secteur classé « site patrimonial remarquable » depuis 1986, ce qui implique l’avis de l’Architecte des bâtiments de France (ABF) sur les interventions majeures, dont la pergola métallique et végétalisée.
La concertation avec les habitants et usagers est engagée dès 2022-2023 via la plateforme municipale « Je Participe » et des réunions publiques.
Les attentes exprimées concernaient principalement l’ombre, l’arrivée d’eau et de végétation, mais aussi sur le maintien du marché hebdomadaire et des usages festifs, comme les concerts ou les événements portés par le Carrefour culturel Arnaud-Bernard.
Un chantier emblématique des politiques de « ville fraîche »
La métamorphose d'Arnaud-Bernard compte parmi les opérations destinées à adapter l’espace public aux épisodes de chaleur par la végétalisation, les ombrages et la réduction du minéral. Cette mouvance englobe les requalifications des places de l’Europe, rue de Metz, Grande rue Saint-Michel ou encore Île du Ramier.
Au 14 novembre 2025, la place n’est pas encore totalement livrée, mais les éléments structurants – pergola, plantations, pavages, mobilier – dessinent déjà un nouvel équilibre entre circulation automobile réduite, confort piéton, mixité commerciale et mise en valeur patrimoniale.
