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Écrit par Sophie Castella publié le 25 juillet 2025
C mon quartier : repenser 18 stations de la ligne C à Toulouse
Longue de 27 km et dotée de 18 stations, la future ligne C du métro toulousain ne sera pas qu’un nouveau rail : le programme « C mon quartier » fixe, dans un rayon de 600 m autour de chaque station, un pacte urbain adopté en 2021 pour créer des quartiers mixtes, arborés et accessibles à pied ou à vélo. Premières études achevées en 2023, chantiers d’espaces publics attendus dès 2026 – tandis que la ligne ouvrira fin 2028 – et mutations foncières suivront jusqu’en 2050 pour conjuguer logement, emploi et services de proximité. Voici ce que prévoit le projet.
Pourquoi un projet urbain autour de la ligne C ?
Freiner l'étalement urbain tout en agrandissant le parc de logements
Toulouse Métropole a gagné près de 10 000 personnes entre 2014 et 2020 selon l'AUA Toulouse, un chiffre qui contraint la collectivité à agrandir sans cesse son parc de logements. Mais pour éviter l'étalement urbain imposé par la loi Climat et Résilience, la ville doit se densifier là où les transports décarbonés existent ou arrivent.
Dans un contexte de « zéro artificialisation nette » fixé par la loi Climat, la ligne C offre 18 occasions de densifier sans grignoter la campagne : chaque station devient un périmètre de reconquête de 600 m où l’on bâtira plus haut, mais en libérant de la pleine terre
, selon Jean-Luc Moudenc, mair de Toulouse et Karine Traval-Michelet, maire de Colomiers.
Le pacte urbain « C mon quartier » prévoit ainsi 60 % de logements neufs à prix contraints (social ou maîtrisé) et 40 % de logements libres pour éviter la gentrification tout en répondant à la demande démographique.
Articuler urbanisme et transports décarbonés
La troisième ligne promet de supprimer 531 000 km de trajets en voiture chaque jour. Son tracé « hyperconnecté » entremêle les modes de transport :
- 5 gares SNCF (Colomiers, La Vache, Matabiau, Montaudran, Labège) se branchent directement sur le métro Recit_Web_editos ;
- croisement avec les lignes A et B, 10 lignes Linéo et le futur bus Aéroport Express qui rapprochera la plateforme de Blagnac de Matabiau.
3 clés pour transformer les quartiers desservis par la ligne C
Pour passer d’une ligne de transport à un véritable levier de ville durable, « C mon quartier » s’appuie sur trois leviers indissociables : rapprocher les usages au quotidien, retisser une armature verte généreuse et ancrer les nouveaux logements au plus près des bassins d’emplois.
Proximité : tout à 10 minutes de marche
Le pacte urbain retient un périmètre de 600 m autour de chaque station, soit environ dix minutes à pied. Dans ce cercle, les futures opérations devront :
- implanter commerces et services publics en rez-de-chaussée actifs ;
- aménager des parvis-jardins à la sortie des quais – la station Côte-Pavée en sera le modèle avec ses terrasses, sa halte vélo et un square planté relié aux rues voisines. Objectif : garantir un quotidien « sans voiture » dès la mise en service du métro.
Paysage : une armature verte continue
Cinq grands parcs métropolitains – Touch, Sept-Deniers , Garonne, Hers et Campus Aerospace – seront maillés par des allées plantées et des noues paysagères. Les secteurs densifiés visent le triptyque “3-30-300” (trois arbres visibles depuis chaque logement, 30 % de surface feuillue par quartier, un parc à moins de 300 m) et un taux de canopée de 48 % à terme. Les toitures et dalles des nouvelles constructions devront, là où c’est possible, accueillir pleine terre ou végétalisation épaisse.
Dynamisme : adosser l’habitat aux pôles d’emplois
Le tracé traverse les principaux moteurs économiques de l’agglomération : Airbus/Blagnac, le faisceau Matabiau, Toulouse Aerospace et la zone d’activités de Labège. Entre ces nœuds, plusieurs sites vieillissants – Fondeyre, Fontaine Lumineuse, MIN – seront requalifiés pour accueillir ateliers artisanaux, bureaux divisibles et logistique urbaine. La combinaison logements + emplois dans chaque secteur doit capter une part des 141 000 postes existants tout en créant les 20 000 emplois supplémentaires attendus d’ici 2035.

Six séquences urbaines repensées
Colomiers Gare - Fontaine Lumineuse - Saint-Martin-du-Touch
Porte d’entrée ouest de la métropole, Colomiers Gare se métamorphose en centre-ville élargi, vitrine du pôle aéronautique. Un parc linéaire Chevrefeuille court jusqu’à Fontaine Lumineuse, future vitrine des sous-traitants d’Airbus, avant de rejoindre Saint-Martin-du-Touch et sa boucle verte le long du ruisseau.
Blagnac - Sept-Deniers - Ponts-Jumeaux
Entre Touch et Garonne, le tracé traverse des faubourgs jardinés ; il maille la future passerelle Sept-Deniers avec le Stade Toulousain et les plaines sportives, dessinant un parcours loisir qui rejoint la confluence des canaux aux Ponts-Jumeaux.
Fondeyre - La Vache Gare - Toulouse-Lautrec
Au nord, l’ancienne zone d’activités Fondeyre s’ouvre sur le campus alimentaire du MIN. La station La Vache amorce le “parc ferré”, promenade végétale de 3 km posée sur les emprises SNCF jusqu’à Sesquières ; au sud, le lycée Toulouse-Lautrec gagne un parvis métropolitain face à la nouvelle sortie de métro .
Raisin - Bonnefoy - Matabiau
Ici, le métro sert de trait d’union : l’avenue de Lyon est réaménagée pour raccorder le faubourg Bonnefoy au futur pôle LGV Grand Matabiau, tandis que la station Raisin ouvre sur un jardin de proximité destiné aux quartiers historiques.
Côte Pavée - Limayrac - Ormeau
Autour de la Cité de l’Espace, les parvis-jardins de Côte Pavée guident vers les grands arbres du bois de Limayrac. Des corridors frais descendront jusqu’au parc de l’Hers, offrant une respiration verte aux faubourgs Est.
Montaudran Gare - Piste des Géants - Aerospace Campus
Au sud-est, la ligne dessert le campus d’innovation Toulouse Aerospace ; la Piste des Géants, ancienne piste d’envol, sera renaturée pour constituer une coulée verte reliant Montaudran Gare au grand parc du Canal et au parc de l’Hers.
Entre faubourgs rénovés et tours jardinées : vers un habitat mixte
Pour adapter la métropole aux + 10 000 habitants annuels sans grignoter de nouveaux hectares, « C mon quartier » mise sur une densification sélective plutôt qu’un empilement uniforme.
Surélever et rénover les faubourgs
Dans les secteurs déjà bâtis, l’effort porte d’abord sur l’existant : aménagement de combles, rehausse d’un ou deux niveaux et changement d’usage d’anciens locaux d’activité. Cette « intensification en surélévation » préserve les cœurs d’îlot jardinés tout en offrant des T2 / T3 supplémentaires aux faubourgs.
Le principe « Beau & Haut »
Sur les friches ou parkings bitumés proches des stations, les nouvelles opérations pourront monter plus haut – jusqu’à huit ou neuf étages selon le contexte – à condition de libérer un maximum de pleine terre pour les arbres et l’infiltration des eaux. Ce compromis, baptisé « Beau & Haut », vise à contenir le coût du foncier tout en créant de véritables îlots de fraîcheur.
Des résidences dédiées à chaque station
Afin de répondre à la diversité des parcours de vie, Toulouse Métropole prévoit la construction d’au moins une résidence dédiée (étudiants, jeunes actifs, publics fragiles ou seniors) sur le pourtour immédiat de chaque station. Ces structures seront gérées par des opérateurs spécialisés, avec un accompagnement social adapté.
Logement intermédiaire et accession maîtrisée
La programmation réserve une part significative aux logements intermédiaires et à l’accession à prix maîtrisé, complétant l’offre sociale existante et évitant la gentrification rapide des quartiers nouvellement connectés. Les formes bâties seront variées : petits collectifs, maisons de ville superposées, résidences multifonctionnelles avec commerces en rez-de-chaussée.
Nature et climat : de la rue 3/3 aux îlots de fraîcheur
Pour adapter les futurs quartiers de la ligne C à la hausse des températures et aux pluies intenses, le pacte urbain applique trois principes complémentaires.
Des “voies 3/3” pour partager l’espace public
Sur les boulevards stratégiques – Montaudran en tête – la section type réserve un tiers à la nature (bermes plantées), un tiers aux modes doux (trottoirs, piste cyclable) et un tiers au trafic et au stationnement. Ce rééquilibrage réduit l’emprise routière, rallonge l’ombre portée et incite à la marche ou au vélo.
Des plantations en pleine terre au-dessus des stations
Les stations souterraines sont creusées au minimum deux mètres sous le niveau fini, profondeur indispensable au développement des racines d’arbres de haute tige. Cette disposition crée, au cœur de quinze quartiers, de véritables « parvis-jardins » qui rafraîchissent l’air et offrent des lieux de rencontre ombragés.
Végétaliser les franges routières et gérer l’eau à ciel ouvert
Accotements inutilisés, parkings et talus seront déminéralisés pour accueillir alignements d’arbres et noues paysagères. Reliées par des fosses connectées, ces dépressions stockent l’eau de pluie, alimentent les plantations et limitent le ruissellement vers le réseau pluvial – un « piège à eaux » déjà illustré autour de la station Fontaine-Lumineuse.
Économie productive : régénérer les zones d'activités
La ligne C longe les têtes d’affiche économiques de la métropole – Airbus à Blagnac, Grand Matabiau, Toulouse Aerospace –, mais elle traverse aussi des zones artisanales vieillissantes : Fondeyre, Ponts-Jumeaux, Montaudran. Le programme « C mon quartier » les considère comme des réserves foncières à relancer plutôt qu’à repousser ; il prévoit leur requalification pour les rendre plus attractives, plus confortables et plus adaptées au climat.
Diversifier l’immobilier productif
- Hôtels artisanaux : dans les faubourgs denses, des bâtiments en superposition verticale accueilleront ateliers TPE/PME à partir de 250 m², avec monte-charges et livraisons en cour intérieure.
- Logistique à étages : à La Vache Gare, au pied du Marché d’intérêt national (MIN), un entrepôt R+2 accessible aux semi-remorques est étudié pour mutualiser messagerie, circuits courts et agriculture urbaine.
- Bureaux divisibles : sur la ZAC Toulouse Aerospace, l’offre s’étagera du “grand compte” au plateau fractionnable pour start-ups, avec rez-de-chaussée productifs destinés aux petites séries ou au prototypage.
Accompagner l’activité par le social et le transitoire
Chaque marché de travaux intégrera des clauses d’insertion, réservant un volume d’heures à des publics éloignés de l’emploi. Par ailleurs, des locaux transitoires seront proposés aux PME innovantes en forte croissance, afin qu’elles restent dans le quartier le temps de consolider leur modèle avant d’intégrer le foncier métropolitain pérenne.
Les prochaines étapes du projet
2026-2028 : chantiers d’espaces publics, mise en service de la ligne C
La pose des revêtements, plantations et mobiliers autour des stations débute en 2026. L’objectif est que les principaux parvis, cheminements vélo-piétons et parkings-relais soient opérationnels lorsque le métro ouvrira fin 2028.
2030-2050 : maîtriser et suivre la transformation
Au-delà de la mise en service, la Métropole activera plusieurs outils :
- acquisitions foncières par l’EPFL pour contenir la spéculation ;
- révisions régulières du PLUi-H pour adapter les règles aux projets ;
- monitoring urbain : indicateurs sociaux, économiques et climatiques pour ajuster les actions tout au long des trois prochaines décennies.
F.A.Q
Qu’est-ce que « C mon quartier » ?
Un pacte urbain adopté en 2021 qui encadre l’aménagement d’un rayon de 600 m autour des 18 stations de la future ligne C : logements, emplois, services, espaces verts et mobilité douce dans un même périmètre.
Combien de logements seront créés et à quels prix ?
Environ 30 000 logements d’ici 2050, dont 60 % à prix contraints (social ou maîtrisé) et 40 % libres, afin de limiter la spéculation et la gentrification.
Qu’est-ce que le principe « Beau & Haut » ?
Sur les friches ou parkings proches des stations, les immeubles pourront monter jusqu’à 8-9 étages à condition de libérer un maximum de pleine terre pour planter arbres et noues d’infiltration.
Que devient l’activité économique existante ?
Les zones d’activités vieillissantes (Fondeyre, Fontaine Lumineuse, etc.) seront requalifiées : hôtels artisanaux, logistique à étages, bureaux divisibles et clauses d’insertion pour l’emploi local.
Quel calendrier retenir ?
- 2021 : pacte urbain adopté
- 2023 : études de maîtrise d’œuvre terminées
- 2026-2028 : chantiers d’espaces publics, mise en service de la ligne C fin 2028
- 2030-2050 : suivi, révisions PLUi-H, acquisitions foncières par l’EPFL



